Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 10.djvu/266

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leur emploi ou leur religion, avaient des liaisons avec les Grecs.

Leur retraite dans la Haute-Égypte avait réuni des troupes considérables dans l’île de Delta ; les canaux naturels et artificiels du Nil formaient une suite de postes avantageux et faciles à défendre ; et pour arriver à Alexandrie, les Sarrasins victorieux employèrent vingt-deux jours, durant lesquels ils livrèrent un grand nombre d’actions générales ou particulières. Les annales de leurs conquêtes n’offrent peut-être pas d’entreprise plus difficile et plus importante que le siége d’Alexandrie[1]. Cette ville, la première ville de commerce du monde entier, était abondamment fournie de toutes sortes de munitions et de moyens de défense. Ses nombreux habitans combattaient pour les droits les plus chers au cœur de l’homme, la religion et la propriété ; et la haine des naturels du pays semblait ne leur laisser aucun espoir d’obtenir la paix et la tolérance. La mer était toujours libre, et si la détresse de l’Égypte eût pu réveiller l’indolence d’Héraclius, il lui aurait été facile de verser dans la seconde capitale de l’empire

  1. Le premier des géographes, d’Anville (Mémoire sur l’Égypte, p. 52-63), nous a donné la description locale d’Alexandrie ; mais nous devons chercher quelques détails de plus dans les voyageurs modernes ; je ne citerai que Thevenot (Voyage au Levant, part. I, p. 381-395) ; Pococke (vol. I, p. 2-13) ; Niebuhr (Voyage en Arabie, t. I, p. 34-43) ; deux Voyages plus récens et rivaux, ceux de Savary et de Volney, le premier pourra amuser ; l’autre instruira.