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minorité de son petit-fils, les clameurs d’un peuple privé des grains que jusque alors on lui avait distribués chaque jour, déterminèrent le conseil de Byzance à faire une tentative pour recouvrer la capitale de l’Égypte. Une escadre et une armée romaine occupèrent deux fois, dans l’espace de quatre ans, le port et les fortifications d’Alexandrie. Elles en furent chassées deux fois par la valeur d’Amrou, que ce qui le menaçait dans l’intérieur rappela de la province de Tripoli et de la Nubie, où il avait porté la guerre. Mais voyant combien cette entreprise était facile, Amrou, après la seconde attaque où il avait eu peine à repousser les Grecs, jura que s’il était une troisième fois obligé de jeter les infidèles dans la mer, il rendrait Alexandrie aussi accessible de toutes parts que la maison d’une prostituée. Il tint sa parole, car il démantela plusieurs parties des murs et des tours ; mais en punissant la ville, il épargna le peuple, et il éleva la mosquée de la Clémence à l’endroit où, dans sa victoire, il avait arrêté la fureur de ses troupes.

Bibliothéque d’Alexandrie.

Je tromperais l’attente du lecteur, si je ne parlais pas ici de l’événement qui détruisit la Bibliothéque d’Alexandrie, et qui nous a été rapporté par le savant Abulpharage. Amrou était doué d’un esprit plus avide d’instruction, et d’idées plus libérales que le

    A. D. 641, cinquante jours après la perte d’Alexandrie. Une lettre arrivait en douze jours d’Alexandrie à Constantinople.