Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 10.djvu/276

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Arabes. Amrou déclara aux Cophtes qu’il punirait doublement la faction et la perfidie par le châtiment des délateurs, qu’il regarderait comme ses ennemis personnels, et par l’élévation des citoyens innocens qu’on aurait voulu perdre ou supplanter. Il rappela aux Arabes tous les motifs de religion et d’honneur qui devaient les engager à soutenir la dignité de leur caractère, à se rendre agréables à Dieu et au calife par leur simplicité et leur modération, à épargner, à défendre un peuple qui s’était reposé sur leur foi, et à demeurer satisfaits des récompenses éclatantes qu’ils avaient légitimement reçues comme le prix de leur victoire. Quant à la manière dont il gouverna les revenus du pays, on voit qu’il désapprouva la capitation, mode d’impôt très-simple, mais très-oppressif, et qu’il préféra avec raison d’autres tributs calculés d’après les produits nets des différentes branches de l’agriculture et du commerce. Le tiers de l’impôt fut destiné à l’entretien des digues et des canaux, si essentiels à la prospérité publique. Sous son administration, la fertilité de l’Égypte suppléa aux disettes de l’Arabie, et une suite de chameaux chargés de blé et d’autres provisions couvrait, presque sans intervalle, la longue route de Memphis à Médine[1]. Le génie d’Amrou rétablit bientôt la communication avec la mer, qui avait été entreprise ou exécutée par les Pharaons, les Ptolémées et les

  1. Eutychius, Annal., tom. II, p. 320 ; Elmacin, Hist. Saracen., p. 35.