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cent mille pièces d’or à celui qui apporterait la tête du général arabe, et l’espoir d’une si belle récompense excita les jeunes guerriers de l’Afrique. Abdallah, vivement sollicité par ses compagnons, s’éloigna du combat ; mais sa retraite et la répétition de toutes ces attaques, dont le succès demeurait indécis ou leur devenait contraire, jetèrent le découragement parmi les Sarrasins.

Victoire des Arabes.

Un Arabe, nommé Zobeir[1], d’une famille noble, qui devint par la suite l’adversaire d’Ali et le père d’un calife, avait signalé sa valeur en Égypte ; c’était lui qui le premier avait appliqué une échelle aux murs de Babylone. Dans la guerre d’Afrique on l’avait détaché de l’armée d’Abdallah. Aux premières nouvelles du combat, on le vit, à la tête de douze guerriers, s’ouvrir un chemin au milieu du camp des Grecs, et sans prendre de repos et de nourriture, accourir pour partager les périls des musulmans. Il jeta les yeux sur le champ de bataille ; « Où est notre général ? dit-il. — Dans sa tente. — Le général des musulmans doit-il être dans sa tente au moment du combat ? » reprit Zobeir. Abdallah lui représenta en rougissant combien était précieuse la vie d’un général, et lui apprit à quels dangers l’exposait le prix promis par le préfet romain. « Retournez contre les

  1. Voyez dans Ockley (Hist. of the Saracens, vol. II, p. 45) la mort de Zobeir, qui fut honoré des larmes d’Ali, contre lequel il s’était révolté. Eutychius (Annal., t. II, p. 308) parle de sa valeur au siége de Babylone, si toutefois il s’agit de la même personne.