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l’abri leurs familles et leurs richesses. La cinquantième année de l’hégyre, il y établit en effet une colonie sous le titre modeste de station d’une caravane. Dans l’état de décadence où se trouve aujourd’hui réduite Cairoan, cette colonie[1] est encore la seconde des villes du royaume de Tunis ; elle est éloignée de la capitale d’environ cinquante milles vers le sud[2] ; comme elle est à douze milles de la côte de la mer vers l’ouest, elle s’est trouvée à l’abri des insultes des flottes grecques et siciliennes. Lorsqu’on eut débarrassé le terrain des bêtes sauvages et des serpens, lorsqu’on eut nettoyé la forêt ou plutôt le désert, on aperçut au milieu d’une plaine de sable les vestiges d’une ville romaine. Les légumes que consomme Cairoan y sont portés d’assez loin ; et comme les environs manquent de sources, les habitans sont réduits à recueillir de l’eau de pluie dans des citernes et des réservoirs. L’industrie d’Akbah triompha de ces obstacles ; il traça une enceinte

  1. Ockley (Hist. of the Saracens, vol. II, p. 129, 130) parle de la fondation de Cairoan ; et Léon l’Africain (fol. 75), Marmol (t. II, p. 532) et Shaw (p. 115) parlent de la situation, de la mosquée, etc.
  2. Les auteurs ont fait souvent une méprise énorme ; d’après une ressemblance de nom bien légère, ils ont confondu la Cyrène des Grecs et le Cairoan des Arabes, deux villes éloignées l’une de l’autre de mille milles. Le grand de Thou n’a pas évité cette faute, d’autant moins excusable qu’elle se trouve faire partie d’une Description de l’Afrique extrêmement travaillée. (Hist., l. VII, c. 2, in t. I, p. 240, édit. de Buckley.)