Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 10.djvu/300

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et n’eurent d’autre ressource qu’un prompt embarquement pour échapper au glaive de Hassan, qui avait investi la faible palissade de leur camp. Ce qui restait de Carthage fut livré aux flammes, et la colonie de Didon[1] et de César fut abandonnée durant plus de deux siècles, jusqu’à l’époque où le premier des califes fatimites repeupla un de ses quartiers, qui n’était peut-être pas la vingtième partie de l’espace qu’elle avait occupé autrefois. Au commencement du seizième siècle, la seconde capitale de l’Occident était représentée par une mosquée, un collége sans étudians, vingt-cinq ou trente boutiques, et les cabanes de cinq cents paysans qui, dans la plus abjecte pauvreté, conservaient toute l’arrogance des sénateurs carthaginois ; mais ce misérable village fut encore détruit par les Espagnols que Charles-Quint avait placés dans la forteresse de la Goulette. Les ruines de Carthage ont disparu, et on ne saurait pas où elles étaient situées, si les

  1. Solin (l. XXVII, p. 36, édit. Saumaise) dit que la Carthage de Didon a subsisté six cent soixante-dix-sept ou sept cent trente-sept ans. Ces deux versions viennent de la différence des manuscrits et des éditions (Salmas., Plinian. Exercit, t. I, p. 228). Le premier de ces calculs, qui fait remonter sa fondation à huit cent vingt-trois ans avant Jésus-Christ, est plus d’accord avec le témoignage bien réfléchi de Velleius-Paterculus ; mais nos chronologistes (Marsham, Canon. chron., p. 398) préfèrent le dernier, qui leur paraît plus conforme aux Annales des Hébreux et à celles des Tyriens.