Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 10.djvu/326

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pas de songer à la désobéissance ; mais sa disgrâce fut adoucie par le rappel de son rival, et par la permission qu’il reçut de donner ses deux gouvernemens à ses deux fils Abdallah et Abdelaziz. Sa marche triomphale de Ceuta à Damas, étala les dépouilles de l’Afrique et les trésors de l’Espagne : on voyait à sa suite quatre cents Goths de nobles familles, portant des couronnes et des ceintures d’or. On évaluait à dix-huit et même à trente mille le nombre des captifs mâles et femelles choisis, à raison de leur naissance et de leur beauté, pour orner ce triomphe. À Tibériade en Palestine, un courrier de Soliman, frère de Walid et héritier présomptif de la couronne, lui apprit que le calife était atteint d’une maladie dangereuse : Soliman désirait que Musa réservât pour son règne le spectacle des trophées de sa victoire. Si Walid eût guéri, le délai de Musa aurait été criminel ; il continua donc sa marche, et il trouva un ennemi sur le trône. Sa conduite fut examinée par un juge partial ; son adversaire était aimé du peuple ; on le déclara coupable de vanité et de mauvaise foi ; et l’amende de deux cent mille pièces d’or à laquelle il fut condamné, si elle ne le réduisit pas à la misère, put servir de preuve à ses rapines ; l’indigne traitement dont il avait usé envers Tarik, fut puni par une ignominie semblable : le vieux général, après avoir été fustigé en public, fut un jour entier exposé au soleil devant la porte du palais, et finit par obtenir un honnête exil, sous le nom pieux de pèlerinage à la Mecque. La perte de Musa aurait dû satisfaire