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membre d’une société nouvelle se plaçait au niveau de ses talens et de son courage. Le bonheur de l’autre vie annoncé par Mahomet ne faisait pas moins d’impression sur la multitude que les jouissances qu’il accordait dans celle-ci ; la charité nous engage à croire qu’un grand nombre de ses prosélytes croyaient de bonne foi à la vérité et à la sainteté de sa révélation : aux yeux d’un polythéiste réfléchi, elle devait paraître digne de la nature divine et de la nature humaine. Plus pure que le système de Zoroastre, plus généreuse que la loi de Moïse, la religion de Mahomet semblait même moins contraire à la raison que cette foule de mystères et de superstitions qui, au septième siècle, déshonoraient la simplicité de l’Évangile.

Anéantissement des mages de la Perse.

Dans les provinces étendues de la Perse et de l’Afrique, l’islamisme avait fait disparaître la religion nationale. La théologie équivoque des mages était des sectes de l’Orient la seule qui subsistât encore ; mais on pouvait, sous le respectable nom d’Abraham, rattacher adroitement les profanes écrits de Zoroastre[1] à la chaîne de la révélation divine. On pou-

  1. Le Zend ou Pazend, la Bible des guèbres, est mise par eux, ou du moins par les musulmans, au nombre des dix livres qu’Abraham reçut du ciel ; et leur religion porte l’honorable nom de religion d’Abraham (d’Herbelot, Bibl. orient., p. 701 ; Hyde, De religione veterum Persarum, c. 13, p. 27, 28, etc.). Je crains bien que nous n’ayons pas une exposition bien pure et bien libre du système de Zoroastre. Le docteur Prideaux (Connection, vol. I, p. 300, in-8o)