Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 10.djvu/340

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ce ne fût qu’un prétexte pour déguiser sa fraude et sa rebellion, la rapidité des progrès de l’islamisme rendait ce prétexte spécieux. [A. D. 837.]Dans le siècle suivant, cinq évêques envoyés d’Alexandrie par le patriarche jacobite, se rendirent à Cairoan avec une mission extraordinaire, pour y rassembler et y ranimer les restes mourans du christianisme[1] ; mais l’intervention d’un prélat étranger, séparé de l’Église latine et ennemi des catholiques, suppose le dépérissement et la dissolution de la hiérarchie d’Afrique. On n’était plus au temps où les successeurs de saint Cyprien, à la tête d’un nombreux synode, pouvaient lutter à forces égales contre l’ambition du pontife de Rome. [A. D. 1053-1076.]Au onzième siècle, le prêtre infortuné qui siégeait sur les ruines de Carthage sollicita les aumônes ou la protection du Vatican, et se plaignit avec amertume de ce qu’après avoir été ignominieusement dépouillé et battu de verges par les Sarrasins, il voyait encore son autorité contestée par ses quatre suffragans, appuis chancelans de son siége épiscopal. Nous avons deux lettres de Grégoire VII[2], où ce pape essaie d’alléger les maux des catholiques et d’adoucir l’or-

  1. Bibl. orient., p. 66 ; Renaudot, Hist. patriar. Alex., p. 287, 288.
  2. Voyez dans les lettres des papes Léon IX (epist. 3), Grégoire VII (l. I, epist. 22, 23 ; l. III, epist. 19, 20, 21), et les remarques de Pagi (t. IV, A. D. 1053, no 14 ; A. D. 1073, no 13), qui a recherché le nom et la famille du prince maure avec lequel le plus orgueilleux des pontifes romains avait un commerce de lettres si poli.