Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 10.djvu/357

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

faire sortir de la ville toute personne qui n’aurait pas des vivres pour un siége de trois années ; il remplit les magasins et les arsenaux ; il fit réparer et fortifier les murs ; et on plaça sur les remparts ou sur des brigantins dont on augmenta le nombre à la hâte, les machines qui lançaient des pierres, des dards ou du feu. Il est à la fois plus sûr et plus honorable de prévenir une attaque que de la repousser ; les Grecs conçurent un projet au-dessus de leur courage ordinaire, celui de brûler les munitions navales de l’ennemi, les bois de cyprès qu’on avait tirés du Liban et amenés sur les côtes de Phénicie pour le service de la flotte égyptienne. La lâcheté ou la perfidie des troupes qu’on appelait, d’après une nouvelle dénomination, les soldats du Theme Obsequien[1] firent échouer cette généreuse entreprise. Elles assassinèrent leur chef, abandonnèrent leur drapeau dans l’île de Rhodes, se dispersèrent sur le continent voisin, et obtinrent ensuite leur pardon, ou peut-être une récompense, en choisissant pour empereur un simple officier des finances. Il s’appelait Théodose, et son nom pouvait être

  1. Selon la division des Themes ou provinces que décrit Constantin Porphyrogenète (De thematibus, l. I, p. 9, 10), l’Obsequium, dénomination latine de l’année ou du palais, était le quatrième dans l’ordre public. Nicée en était la métropole, et sa juridiction s’étendait de l’Hellespont sur les parties adjacentes de la Bithynie et de la Phrygie. (Voyez les Cartes placées par Delisle à la tête de l’Imperium orientale de Banduri.)