Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 10.djvu/358

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agréable au sénat et au peuple ; mais après un règne de quelques mois, il tomba du trône dans un cloître, et remit à la main plus vigoureuse de Léon l’Isaurien la défense de la capitale et de l’empire. Le plus redoutable des Sarrasins, Moslemah, frère du calife, approchait à la tête de cent vingt mille Arabes et Persans, dont le plus grand nombre était monté sur des chevaux ou des chameaux : et les siége de Tyane, d’Amorium et de Pergame, places qu’ils emportèrent, furent assez longs pour exercer leur savoir et augmenter leurs espérances. C’est au passage très-connu d’Abydos sur l’Hellespont, que les musulmans passèrent pour la première fois d’Asie en Europe. De là, tournant les villes de la Thrace situées sur la Propontide, Moslemah investit Constantinople du côté de la terre : il environna son camp d’un fossé et d’un rempart ; il établit ses machines de siége, et annonça par ses paroles et ses actions que si l’obstination des assiégés se montrait égale à la sienne, il attendrait patiemment dans cette position le retour des semailles et de la récolte. Les Grecs de la capitale offrirent de racheter leur religion et leur empire, en payant une amende ou une contribution d’une pièce d’or par tête d’habitant. Mais cette offre magnifique fut rejetée avec dédain, et l’arrivée des navires de l’Égypte et de la Syrie augmenta la présomption de Moslemah. On a porté ces navires au nombre de dix-huit cents, par où l’on peut juger de leur petitesse : ils étaient accompagnés de vingt vaisseaux dont la grandeur nuisait à leur légèreté, et qui toutefois ne contenaient que