Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 10.djvu/373

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après les avoir pillés ; Saint-Hilaire de Poitiers et Saint-Martin de Tours oublièrent, en ces occurrences, cette puissance miraculeuse qui devait servir à la défense de leurs tombeaux[1]. Les Sarrasins s’étaient avancés en triomphe l’espace de plus d’un millier de milles, depuis le rocher de Gibraltar jusqu’aux bords de la Loire ; encore autant, et ils seraient arrivés aux confins de la Pologne et aux montagnes de l’Écosse : le passage du Rhin n’est pas plus difficile que celui du Nil et de l’Euphrate, et d’un autre côté la flotte arabe aurait pu pénétrer dans la Tamise sans livrer un combat naval. Les écoles d’Oxford expliqueraient peut-être aujourd’hui le Koran, et du haut de ses chaires on démontrerait à un peuple circoncis la sainteté et la vérité de la révélation de Mahomet[2].

  1. Roderic Ximenès accuse les Sarrasins d’avoir attenté au sanctuaire de Saint-Martin de Tours. Turonis civitatem, ecclesiam et palatia vastatione et incendio simili diruit et consumpsit. Le continuateur de Frédégaire ne leur reproche que l’intention ; ad domum beatissimi Martini evertendam festinant ; at Carolus, etc. L’annaliste français était plus jaloux de l’honneur du saint.
  2. Au reste, je doute que la mosquée d’Oxford eût produit un ouvrage de controverse aussi élégant et aussi ingénieux que les sermons prêchés dernièrement (at Bampton’s lectures) par M. White, professeur d’arabe. Ses observations sur le caractère et la religion de Mahomet sont adaptées avec art au sujet qu’il traite, et en général fondées sur la vérité et la raison. Il joue le rôle d’un avocat plein d’esprit et d’éloquence ; et il a quelquefois le mérite d’un historien et d’un philosophe.