Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 10.djvu/379

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n’avait jamais été l’objet de la faveur publique. On l’avait vue sous Mahomet persévérer dans l’idolâtrie et la rebellion ; elle avait adopté l’islamisme malgré elle ; son élévation avait été irrégulière et factieuse, et son trône avait été cimenté par le sang le plus sacré et le plus noble de l’Arabie. Le pieux Omar, le meilleur des princes de cette race, n’avait pas trouvé son titre suffisant ; et ils n’avaient pas dans leurs vertus personnelles de quoi se justifier d’avoir violé l’ordre de la succession ; les yeux ainsi que le cœur des fidèles se tournaient vers la ligne de Hashem et les parens de l’apôtre de Dieu. De ces descendans du prophète, les Fatimites étaient inconsidérés ou pusillanimes ; mais les Abbassides nourrissaient avec courage et avec prudence les espérances de leur fortune. Du fond de la Syrie, où ils menaient une vie obscure, ils firent partir en secret des agens et des missionnaires qui prêchèrent dans les provinces d’Orient leur droit héréditaire et irrévocable ; Mohammed, fils d’Ali, fils d’Abdallah, fils d’Abbas, oncle du prophète, donna audience aux députés du Khorasan, et reçut d’eux un présent de quarante mille pièces d’or. Après la mort de Mohammed, une nombreuse troupe de fidèles, qui n’attendaient qu’un chef et un signal de révolte, prêta serment de fidélité à son fils Ibrahim ; le gouverneur du Khorasan continua à déplorer l’inutilité de ses avertissemens et le funeste sommeil des califes de Damas, jusqu’à l’époque où il fut chassé avec tous ses adhérens de la ville et du palais de Meru, par Abu Moslem, gé-