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des malades[1]. Les sujets des Abbassides, après leurs guerres civiles et leurs guerres domestiques, sortaient de la léthargie où s’étaient endormis les esprits. Ils employèrent le loisir qu’ils avaient acquis à satisfaire la curiosité que commençait à leur inspirer l’étude des sciences profanes. Cette étude fut d’abord encouragée par le calife Almansor, qui, outre ses connaissances sur la loi musulmane, s’était adonné avec succès à l’astronomie. Mais lorsque Almamon, le septième des Abbassides, monta sur le trône, il accomplit les desseins de son grand-père, et appela de toutes parts les muses à sa cour. Ses ambassadeurs à Constantinople, ses agens dans l’Arménie, la Syrie et l’Égypte, rassemblèrent les écrits de la Grèce ; il les fit traduire en arabe par d’habiles interprètes, il exhorta ses sujets à les lire assidûment, et le successeur de Mahomet assista avec plaisir et avec modestie aux assemblées et aux disputes des savans. « Il n’ignorait pas, dit Abulpharage, que ceux dont la vie est dévouée au perfectionnement de leurs facultés raisonnables, sont les élus de Dieu, ses meilleurs et ses plus utiles serviteurs. L’ignoble ambition des Chinois et des Turcs peut s’enorgueillir de l’industrie de leurs mains ou de leurs jouissances

  1. Le Gulistan (p. 239) raconte la conversation de Mahomet et d’un médecin (Epistol. Renaudot, in Fabricius, Bibl. græc., t. I, p. 814). Le prophète lui-même était versé dans l’art de la médecine ; et Gagnier (Vie de Mahomet, t. III, p. 394-405) a donné un extrait des aphorismes qui subsistent sous son nom.