Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 10.djvu/403

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peut se former une idée plus positive de ce qu’ils savaient en général sur l’anatomie[1], la botanique[2] et la chimie[3], les trois bases de leur théorie et de leur pratique. Un respect superstitieux pour les morts bornait les Grecs et les Arabes à la dissection des singes et autres quadrupèdes. Les parties les plus solides et les plus visibles du corps humain étaient connues du temps de Galien ; mais la connaissance plus approfondie de sa construction était réservée au microscope et aux injections des artistes modernes. La botanique exige des recherches fatigantes, et les découvertes de la zone torride purent enrichir de deux mille plantes l’herbier de Dioscoride. Par rap-

  1. Voyez un tableau bien fait des progrès de l’anatomie, dans Wotton (Reflections on ancient and modern learning, p. 208-256). Les beaux esprits ont indignement attaqué sa réputation dans la Controverse de Boyle et de Bentley.
  2. Bibliot. arab.-hispan., t. I, p. 275. Al-Beithar de Malaga, leur plus grand botaniste, avait voyagé en Afrique, dans la Perse et dans l’Inde.
  3. Le docteur Watson (Elements of chemistry, vol. I, p. 17, etc.) convient que les succès des Arabes en chimie leur appartenaient en propre : il cite toutefois le modeste aveu du fameux Geber, écrivain du neuvième siècle (d’Herbelot, p. 387), qui disait avoir tiré des anciens sages la plus grande partie de ses lumières, peut-être sur la transmutation des métaux. Quelles que fussent l’origine ou l’étendue de leurs connaissances, il paraît que les arts de la chimie et de l’alchimie étaient répandus en Égypte au moins trois siècles avant Mahomet (Wotton, Reflections, p. 121-133 ; de Pauw, Recherches sur les Égyptiens et sur les Chinois, t. I, p. 376-429).