Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 10.djvu/411

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Tyane et Ancyre, et investit Héraclée du Pont[1], jadis la capitale d’un pays florissant, et aujourd’hui une pauvre bourgade ; elle soutint à l’époque dont nous parlons, dans ses antiques murs, un siége d’un mois contre toutes les forces de l’Orient. Haroun la ruina de fond en comble ; ses guerriers y trouvèrent de grandes richesses : mais s’il avait su l’histoire de la Grèce, il aurait regretté la nature d’Hercule, dont tous les attributs, tels que sa massue, son arc, son carquois et sa peau de lion, étaient en or massif. Les progrès de la dévastation sur terre et sur mer, depuis l’Euxin jusqu’à l’île de Chypre, déterminèrent Nicéphore à rétracter son orgueilleux défi. Haroun consentit à la paix, mais il voulut que les ruines d’Héraclée demeurassent pour servir de leçon aux Grecs et de trophée à sa gloire, et que la monnaie du tribut portât l’image et le nom de Haroun et de ses trois fils : ce fut cependant cette pluralité de souverains qui permit aux Romains de se soustraire à leur honte[2]. Après la mort de leur père, les fils du ca-

  1. M. de Tournefort, dans son dispendieux voyage de Constantinople à Trébisonde, passa une nuit à Héraclée ou Eregri. Il examina la ville telle qu’elle se trouvait alors, et en recueillit les antiquités. (Voyage du Levant, t. III, lettre 16, p. 23-35). Nous avons une histoire particulière d’Héraclée dans les fragmens de Memnon, qu’a conservés Photius.
  2. Théophane (p. 384, 385, 391, 396, 407, 408), Zonare (t. II, l. XV, p. 115-124), Cedrenus (p. 477-478), Eutychius (Annal., t. II, p. 407), Elmacin, Hist. Saracen.