Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 10.djvu/422

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leurs implacables ennemis, n’en obtinrent point une clémence qu’ils ne méritaient pas. Le glaive et le gibet défirent les chrétiens d’une partie de cette dangereuse multitude de captifs ; les autres, mis à la chaîne, furent utilement employés à la réparation des édifices sacrés qu’ils avaient voulu détruire. Le pape, à la tête des citoyens et des alliés, alla se prosterner en action de grâces devant les châsses des apôtres ; et dans le butin qu’avait produit cette victoire navale, on choisit treize arcs d’argent massif qui furent suspendus autour de l’autel du pêcheur de Galilée. Durant tout son règne, Léon IV s’occupa du soin de fortifier et d’orner la ville de Rome. Il répara et embellit les églises ; il employa huit mille marcs d’argent à remédier aux dommages qu’avait soufferts celle de Saint-Pierre ; il l’enrichit de vases d’or du poids de deux cent soixante livres, ornés des portraits du pape et de l’empereur, et entourés d’un cercle de perles ; mais le caractère de Léon reçoit moins d’honneur de cette vaine magnificence, que du soin paternel avec lequel il releva les murs de Horta et d’Amérie, et réunit dans la nouvelle ville de Léopolis, à douze milles de la côte, les habitans dispersés de Centumcellæ[1]. Ses libéralités mirent une colonie de Corses en état de s’établir, avec leurs

  1. Beretti (Chronogr. Ital. med. ævi, p. 106-108) nous a donné des lumières sur les villes de Centumcellæ, Léopolis, la cité Léonine et les autres villes du duché de Rome.