Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 10.djvu/425

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tilés ou marqués d’une manière ignominieuse, et les vainqueurs enlevèrent mille captives sur le territoire des environs. Parmi celles-ci se trouvait une matrone de la maison d’Abbas qui, dans son désespoir, implora le secours de Motassem : celui-ci, irrité des insultes des Grecs, crut son honneur engagé à s’en venger, et à répondre à l’appel que lui avait fait sa parente. Sous le règne des deux frères aînés, l’héritage du plus jeune s’était borné à l’Anatolie, l’Arménie, la Géorgie et la Circassie : cette position sur les frontières avait exercé ses talens militaires ; et parmi les titres que le hasard lui avait donnés au surnom d’Octonaire[1], les huit batailles qu’il gagna sur les ennemis du Koran, ou du moins qu’il leur livra, forment sans doute le plus honorable. Dans cette querelle personnelle, les troupes de l’Irak, de la Syrie et de l’Égypte, tirèrent leurs recrues des tribus de l’Arabie et des hordes turques ; sa cavalerie dut être nombreuse, bien qu’il faille diminuer quelque chose des cent trente mille chevaux que lui accordent les historiens ; et les frais de l’armement ont été évalués à quatre millions sterling, ou cent mille livres d’or. Les Sarrasins se rassemblèrent à Tarse, et prirent en trois divisions la grande route de Constantinople : Motassem commandait le corps

  1. Ce nombre de huit s’est trouvé appliqué à différentes circonstances de la vie de Motassem. Il était le huitième des Abbassides ; il régna huit ans, huit mois et huit jours. Il laissa en mourant huit fils, huit filles, huit mille esclaves et huit millions d’or.