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ques momens de retard à une destinée inévitable[1]. À la fin cette tempête se calma ou prit un autre cours : les Abbassides retournèrent à Bagdad, qui leur offrait un séjour moins orageux : une main plus ferme et plus habile réprima l’insolence des Turcs ; ces troupes redoutables furent divisées ou détruites par les guerres étrangères. Mais les nations de l’Orient s’étaient accoutumées à fouler aux pieds les successeurs du prophète ; et c’est en diminuant leur force et en relâchant la discipline, que les califes obtinrent la paix dans l’intérieur de leurs états. Les funestes effets du despotisme militaire sont si uniformes, qu’il semble que je répète ici l’histoire des gardes prétoriennes[2].

Naissance et progrès des Carmathiens. A. D. 890-951.

Tandis que les affaires, les plaisirs et les lumières

  1. Pour en donner un exemple, voici les détails de la mort du calife Motaz : Correptum pedibus pertrahunt, et sudibus probe perculcant, et spoliatum laceris vestibus in sole collocant, præ cujus acerrimo æstu pedes alternos attollebat et demittebat. Adstantium aliquis misero colaphos continuo ingerebat, quos ille objectis manibus avertere studebat… quo facto traditus tortori fuit, totoque triduo cibo potuque prohibitus… suffocatus, etc. (Abulféda, p. 206). Il dit en parlant du calife Mohtadi : Cervices ipsi perpetuis ictibus contundebant, testiculosque pedibus conculcabant (p. 208).
  2. Voyez, sur ce qui a rapport aux règnes de Motassem, Motawakkel, Mostanser, Mostain, Motaz, Mohtadi et Motamed, dans la Bibliothéque de d’Herbelot et dans les Annales d’Elmacin, Abulpharage et Abulféda, qui doivent être devenus familiers au lecteur.