Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 10.djvu/449

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depuis les collines de la Cappadoce jusqu’au désert de Bagdad. [Conquête de la Cilicie.]Les siéges de Mopsueste et de Tarse en Cilicie exercèrent d’abord l’habileté et la persévérance de leurs soldats, auxquels je ne craindrai pas de donner ici le nom de Romains. Deux cent mille musulmans étaient prédestinés à trouver la mort ou l’esclavage[1] dans la ville de Mopsueste, divisée en deux parties par la rivière de Sarus. Cette population paraît si considérable, qu’on doit supposer qu’elle comprenait au moins celle des districts qui dépendaient de Mopsueste. Cette ville fut prise d’assaut ; mais Tarse fut lentement réduite par la famine. Les Sarrasins ne se furent pas plus tôt rendus à l’honorable capitulation qui leur était offerte, qu’ils eurent la douleur d’apercevoir au loin les navires de l’Égypte qui venaient inutilement à leur secours. On les renvoya avec un sauf-conduit aux frontières de la Syrie ; les anciens chrétiens avaient vécu en paix sous leur domination, et le vide que laissa leur départ fut bientôt rempli par une nouvelle colonie ; mais on fit de la mosquée une écurie, on livra aux flammes la chaire

  1. Ducenta fere millia hominum numerabat urbs (Abulféda, Annal. moslem., p. 231) de Mopsuestia ou Masifa, Mampsysta, Mansista, Mamista, comme on l’appelle dans le moyen âge par corruption, ou peut-être plus exactement d’après Wesseling (Itinerar., p. 580). Je ne puis croire à cette extrême population de Mopsueste, si peu d’années après le témoignage de l’empereur Léon, ο‌υ γαρ πολυπληθια στρατο‌υ τοις Κιλιξι βαρβαροις εσ‌τιν (Tactica, c. 18, in Meursii, Oper., t. VI, p. 817).