Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 10.djvu/467

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formaient encore le peuple le plus industrieux et le plus actif de la terre ; la nature avait prodigué à leur pays tous les avantages du sol, du climat et de la situation ; et leur caractère patient et paisible était plus utile à la conservation et au rétablissement des arts que ne pouvaient l’être l’esprit guerrier et l’anarchie féodale de l’Europe. Les provinces qui faisaient encore partie de l’empire se peuplèrent et s’enrichirent des malheurs de celles qui tombèrent sans retour au pouvoir de l’ennemi. Les catholiques de la Syrie, de l’Égypte et de l’Afrique, fuyant le joug des califes, vinrent chercher la domination de leur prince légitime et la société de leurs frères. Les richesses mobilières qui échappent aux recherches de l’oppression accompagnèrent et adoucirent leur exil, et Constantinople reçut dans son sein le commerce qui abandonna Tyr et Alexandrie. Les chefs de l’Arménie et de la Scythie, chassés par l’ennemi ou par la persécution religieuse, y furent reçus avec hospitalité : on encouragea ceux qui les avaient suivis à bâtir de nouvelles villes et à cultiver les terres abandonnées ; et plusieurs cantons de l’Europe et de l’Asie ont conservé et le nom et les mœurs, ou du moins la mémoire de ces colonies. Les tribus de Barbares qui s’étaient établies les armes à la main sur le territoire de l’empire, furent elles-mêmes ramenées peu à peu sous les lois de l’Église et de l’état. Quand j’aurais assez de matériaux pour décrire les vingt-neuf thèmes de la monarchie de Byzance, je devrais peut-être me borner à la description d’une