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les douze signes du zodiaque et les vingt-quatre constellations de l’hémisphère septentrional et de l’hémisphère austral. Les sept jours de la semaine étaient dédiés à leurs divinités respectives ; les sabéens faisaient la prière trois fois par jour, et le temple de la Lune, situé à Haran, était le terme de leur pèlerinage[1] ; mais la flexibilité de leur foi les disposait à donner et à recevoir sans cesse des opinions nouvelles. Leurs idées sur la création du monde, sur le déluge et les patriarches, avaient un rapport singulier avec celles des Juifs leurs captifs ; ils en appelaient aux livres secrets d’Adam, de Seth et d’Enoch ; et une légère teinture de l’Évangile a fait de ce reste de polythéistes les chrétiens de saint Jean qu’on trouve dans le territoire de Bassora[2]. [Les mages.]Les autels de Babylone furent renversés par les mages ; mais le glaive d’Alexandre vengea les injures des sabéens ; la Perse gémit plus de cinq siècles sous un joug étranger ; quelques-uns des disciples de Zoroastre

  1. Pococke (Specim., p. 138-146), Hottinger (Hist. orient., p. 162-203), Hyde (De relig. vet. Persar., p. 124-128, etc.) d’Herbelot (Sabi, p. 725, 726) et Sale (Discours prélimin.), excitent notre curiosité, plutôt qu’ils ne la satisfont, et le dernier de ces écrivains confond le sabéisme avec la religion primitive des Arabes.
  2. D’Anville (l’Euphrate et le Tigre, p. 130-147) détermine la situation de ces chrétiens équivoques. Assemani (Bibl. orient., t. IV, p. 607-614) peut avoir exposé leurs véritables dogmes ; mais c’est un travail hasardeux que de chercher à fixer la croyance d’un peuple ignorant, qui craint et qui rougit de dévoiler ses traditions secrètes.