Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 10.djvu/486

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soie, presque caché sous un amas de perles et de diamans ; un cercle horizontal et deux arcs d’or formaient la couronne : on voyait au sommet, dans le point d’intersection, un globe ou une croix et deux cordons ou pendans de perles tombaient sur l’une et l’autre joue. Les brodequins du Sebastocrator et du César étaient verts, et leurs couronnes étaient ouvertes et ornées de moins de pierres précieuses. Alexis créa au-dessous du César, le Panhypersebastos et le protosebastos, titres dont le son et le sens pouvaient plaire à une oreille grecque. Ils indiquent une supériorité et une priorité sur le simple titre d’Auguste, et dès lors ce titre sacré et primitif d’un prince romain, dépouillé de sa dignité, fut accordé aux alliés et aux officiers de la cour de Byzance. La fille d’Alexis s’extasie avec complaisance sur cette heureuse gradation d’espérances et d’honneurs ; mais comme les esprits les plus bornés peuvent atteindre à la science des mots, l’orgueil des successeurs d’Alexis enrichit sans peine ce dictionnaire de vanité ; ils donnèrent à ceux de leurs fils ou de leurs frères qu’ils aimaient le plus, le nom plus relevé de maître ou de despote, auquel on accorda une nouvelle pompe et de nouvelles prérogatives, et qu’on plaça immédiatement après la dignité d’empereur. En général, celui-ci n’accordait qu’aux princes de son sang les cinq titres, 1o. de despote, 2o. de sebastocrator, 3o. de césar, 4o. de panhypersebastos, et 5o. de protosebastos : c’étaient des émanations de sa majesté ; mais comme ces dignités n’emportaient