Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 10.djvu/50

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

choix, chaque Arabe était le maître de se composer une religion, et il joignait quelquefois à la superstition grossière établie dans sa maison la théologie sublime des saints et des philosophes. Ils devaient à l’accord général des peuples éclairés le dogme fondamental de l’existence d’un Dieu suprême qui est au-dessus de toutes les puissances de la terre et du ciel, mais qui s’est souvent révélé aux hommes par le ministère de ses anges et de ses prophètes, et dont la faveur ou la justice a interrompu par des miracles le cours ordinaire de la nature. Les plus raisonnables d’entre les Arabes reconnaissaient son pouvoir, quoiqu’ils négligeassent de l’adorer[1]. L’habitude plutôt que la conviction les tenait attachés aux restes de l’idolâtrie. Les juifs et les chrétiens étaient le peuple du saint livre ; la Bible se trouvait déjà traduite en arabe[2], et ces implaca-

  1. Dans leurs offrandes ils avaient pour maxime de tromper Dieu au profit de l’idole, qui était moins puissante, mais plus irritable (Pococke, Specimen, p. 108-109).
  2. Les versions, juives ou chrétiennes que nous avons de la Bible, paraissent plus modernes que le Koran ; mais on peut croire qu’il y a eu des traductions antérieures ; 1o. d’après l’usage perpétuel de la synagogue, qui expliquait la leçon hébraïque par une paraphrase en langue vulgaire du pays ; 2o. d’après l’analogie des versions arménienne, persane et éthiopienne, expressément citées par les pères du cinquième siècle, qui assurent que les écritures avaient été traduites dans toutes les langues des Barbares. (Walton, Prolegomena, ad Biblia Polyglot., p. 34, 93, 97 ; Simon,