Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 10.djvu/506

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

défense de son pays, qu’on faisait envahir par une tribu plus éloignée[1]. Les successeurs de Constantin prétendirent toujours à l’empire de la Méditerranée, depuis l’embouchure du Tanaïs jusqu’aux colonnes d’Hercule, et le possédèrent souvent. Leur capitale était pleine de munitions navales et d’habiles ouvriers ; la position de la Grèce et de l’Asie, les longues côtes, les golfes profonds et les nombreuses îles qui faisaient partie de l’empire, habituaient leurs sujets à la navigation, et le commerce de Venise et d’Amalfi était une pépinière de matelots pour la flotte impériale[2]. Depuis la guerre du Péloponnèse et les guerres puniques, les armées de mer n’avaient pas augmenté de force, et la science de la construction des bâtimens avait rétrogradé. Les charpentiers de Constantinople ignoraient, ainsi que les mécaniciens de nos jours, l’art de construire ces édifices merveilleux qui déployaient trois, six ou dix rangs de rames élevés les uns au-dessus des autres ou agissant

  1. Nec ipsa capiet eum (l’empereur Othon) in quâ ortus est pauper et pellicea Saxonia : pecuniâ quâ pollemus omnes nationes super eum invitabimus ; et quasi Keramicum confringemus (Luitprand, in Legat., p. 487). Les deux livres, De administrando imperio, répètent partout les mêmes principes politiques.
  2. Le dix-neuvième chapitre de la Tactique de Léon (Meurs., opera, t. VI, p. 825-848), qui a été publiée d’une manière plus correcte, d’après un manuscrit de Gudius, par le laborieux Fabricius (Biblioth. græc., t. VI, p. 372-379), traite de la naumachia ou guerre navale.