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vie, étaient odieuses à un prophète qui blâme ses disciples d’avoir fait le vœu de s’abstenir de viandes, de femmes et de sommeil, et qui avait fermement déclaré qu’il ne souffrirait point de moines dans sa religion[1]. Cependant il institua un jeûne de trente jours par année ; il recommanda soigneusement de l’observer, comme une chose qui purifie l’âme et assujettit le corps, comme un salutaire exercice d’obéissance à la volonté de Dieu et de son apôtre. Pendant le mois du ramadan, depuis le lever jusqu’au coucher du soleil, le musulman s’abstient de boire et de manger ; il se prive des femmes, des bains et des parfums, se refuse toute nourriture capable de soutenir ses forces, et tous les plaisirs qui peuvent satisfaire ses sens. Suivant les révolutions de l’année lunaire, le ramadan tombe tour à tour au milieu des froids de l’hiver et des chaleurs de l’été, et pour accorder à sa soif une goutte d’eau, il faut attendre péniblement la fin d’une journée brûlante. Mahomet est le seul qui ait fait une loi positive et générale[2]

    au pape ; et il cite, d’après le Koran lui-même, le cas d’Eblis ou Satan, qui fut précipité du ciel pour avoir refusé d’adorer Adam.

  1. Koran, c. 5, p. 94, et la note de Sale, qui cite sur ce point Jallaloddin et Al-Beidawi. D’Herbelot déclare que Mahomet condamna la vie religieuse, et que les premiers essaims de fakirs, de derviches, etc., ne se montrèrent qu’après l’année 300 de l’hégyre (Bibl. orient., p. 292-718).
  2. Voyez les deux défenses portées sur ce point (Koran, c. 2, p. 25 ; c. 5, p. 94) ; l’une dans le style d’un législateur,