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une maison et une mosquée, plus respectables dans leur grossière simplicité que les palais et les temples des califes assyriens. Il fit graver sur son sceau d’or ou d’argent son titre d’apôtre ; lorsqu’il faisait la prière et lorsqu’il prêchait dans l’assemblée tenue toutes les semaines, il s’appuyait sur le tronc d’un palmier ; et ce ne fut que long-temps après qu’il se permit l’usage d’un fauteuil ou d’une chaire de bois grossièrement travaillée[1]. Il régnait depuis six ans, lorsque quinze cents musulmans réunis sous les armes renouvelèrent leur serment de fidélité : Mahomet leur promit de nouveau son assistance jusqu’à la mort du dernier d’entre eux ou la dissolution totale de la ligue. C’est dans le même camp que le député

    reproches contre la scélératesse de l’imposteur qui dépouilla deux orphelins, fils d’un charpentier : c’est un reproche qu’il a tiré de la Disputatio contra Saracenos, composée en arabe avant l’année 1130 ; mais l’honnête Gagnier (ad Abulféda, p. 53) a démontré que ces deux auteurs ont mal saisi la valeur du mot al nagjar, qui signifie en cet endroit, non pas un obscur métier, mais une noble tribu d’Arabes. Abulféda décrit le mauvais état de ce terrain : son habile interprète a pensé, d’après Al-Bochari, qu’on en offrit la valeur, d’après Al-Jannabi, que l’achat se fit dans toutes les formes, et d’après Ahmed Ben Joseph, que le généreux Abubeker en paya la somme. Ainsi le prophète se trouve justifié sur ce point.

  1. Al-Jannabi (apud Gagnier, t. II, p. 246, 324) décrit le sceau et la chaire de Mahomet comme deux reliques précieuses : et le tableau qu’il donne de la cour du prophète est tiré d’Abulféda (c. 44, p. 85).