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cérémonies : édifiés de ces harmonieux cantiques auxquels succédait un silence religieux, ils se laissaient persuader sans peine qu’un chœur d’anges descendait chaque jour du ciel pour se joindre à la dévotion des chrétiens[1] ; [De Wolodimir. A. D. 988.]mais ce qui détermina ou hâta la conversion de Wolodimir, ce fut son désir de s’allier à une femme romaine. Le pontife chrétien le baptisa et le maria en même temps dans la ville de Cherson : il rendit cette ville à l’empereur Basile, frère de son épouse ; mais elle avait des portes d’airain qu’on transporta, dit-on, à Novogorod, et qu’on plaça devant une église comme un monument de sa victoire et de sa foi[2]. À son ordre souverain, Péroun, le dieu du tonnerre, qu’il avait adoré si long-temps, se vit renversé et traîné dans les rues ; son image informe fut chargée de coups de massue par douze robustes barbares qui le jetèrent ensuite avec

  1. Voyez un fragment anonyme publié par Banduri (Imper. or., t. II, p. 112, 113). De conversione Russorum.
  2. Herberstein (apud Pagi, t. IV, p. 56) dit que Wolodimir fut baptisé et marié à Cherson ou Corsun : Novogorod conserve encore de nos jours cette tradition, et les portes dont nous avons parlé dans le texte. Cependant un voyageur exact et observateur fait venir ces portes d’airain de Magdebourg (Coxe, Travels into Russia, etc., vol. I, p. 452), et il cite une inscription qui semble le prouver. Le lecteur ne doit pas confondre cette Cherson, ville de la Tauride ou de la Crimée, avec une ville du même nom, qui s’est élevée à l’embouchure du Borysthène, et qui a été dernièrement honorée par une entrevue de la czarine et de l’empereur.