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avantages temporels aux anciens et aux nouveaux chrétiens. Les préceptes de l’Évangile qui recommandent la charité et la paix, ne purent anéantir la fureur de la guerre naturelle aux hommes, et l’ambition des princes catholiques a renouvelé dans tous les siècles les calamités qu’entraîne ce fléau. Mais l’admission des Barbares dans la société civile et ecclésiastique délivra l’Europe des ravages, sur mer et sur terre, des Normands, des Hongrois et des Russes, qui apprirent à respecter le sang humain et à cultiver leurs possessions[1]. Le clergé contribua, par son influence, à l’établissement des lois et du bon ordre ; et les peuples sauvages connurent les élémens des arts et des sciences. La piété éclairée des princes russes leur fit prendre le soin d’attirer à leur service les plus habiles d’entre les Grecs pour embellir leurs villes et instruire les habitans. On copia grossièrement, dans les églises de Kiow et de Novogorod, le dôme et les tableaux de Sainte-Sophie : les écrits des pères furent traduits en langue esclavonne, et on

  1. Écoutez les chants de triomphe d’Adam de Brême (A. D. 1080), dont le fond est vrai : Ecce illa ferocissima Danorum, etc. natio… jamdudum novit in Dei laudibus alleluia resonare… Ecce populus ille piraticus… suis nunc finibus contentus est. Ecce patria horribilis semper inaccessa propter cultum idolorum… prædicatores veritatis ubique certatim admittit, etc. (De situ Daniæ, etc., p. 40, 41, édit. Elzevir) ; ouvrage qui offre un tableau curieux et original du Nord de l’Europe, et de l’établissement du christianisme dans cette partie du monde.