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Turcs ou Anglais, environ cinq ou six mille hommes[1], parmi lesquels on compta beaucoup de nobles et de guerriers du sang royal ; l’imposteur Michel trouva dans la plaine de Durazzo une mort plus honorable que sa vie.

Durazzo pris. A. D. 1082. Février 8.

Il est plus que probable que Guiscard s’affligea fort peu de la perte de ce fantôme d’empereur qui lui coûtait fort cher, et n’avait eu d’autre avantage que de l’exposer à la dérision des Grecs. Après leur défaite, la garnison continua à se défendre : l’empereur avait eu l’imprudence de rappeler George Paléologue, et un Vénitien commandait dans la ville. Les tentes des assiégeans furent converties en baraques, capables de soutenir les rigueurs de l’hiver ; et en réponse au défi de la place, Robert insinua que sa persévérance égalait au moins l’obstination des assiégés[2]. Peut-être comptait-il déjà sur sa liaison

  1. Lupus Protospata (t. III, p. 45) dit six mille ; Guillaume de la Pouille plus de cinq mille (l. IV, p. 273). Leur modestie est singulière et louable : il leur était si aisé de tuer d’un coup de plume 20 ou 30 mille schismatiques ou infidèles !
  2. Les Romains avaient trouvé le nom d’Epidamnus de mauvais augure, et ils y avaient substitué celui de Dyrrachium (Pline, III, 26) et le peuple en avait fait Duracium (Voyez Malaterra), qui a quelque analogies avec le mot de dureté. Durand était un des noms de Robert ; ainsi Robert était un Durando ; misérable jeu de mots ! (Alberic. Monach., in Chron., apud Muratori, Annali d’Italia, tom. IX, p. 137.)