Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 11.djvu/194

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

deste empereur, dédaignant la flatterie et le mensonge, se contenta d’entendre vanter la réduction de trois cents villes ou villages de la Pouille et de la Calabre, dont on grava les noms et les titres sur tous les murs du palais. Pour se conformer aux préjugés des Latins, on leur montra une donation vraie ou fausse des Césars de l’Allemagne[1] ; mais le successeur de Constantin, renonçant bientôt à ce honteux prétexte, fit valoir ses droits inaliénables sur l’Italie, et déclara qu’il voulait reléguer les Barbares au-delà des Alpes. [Il a le dessein d’acquérir l’Italie et l’empire d’Occident. A. D. 1155-1174, etc.]Les cités libres, encouragées par les discours captieux, les largesses et les promesses sans bornes de Manuel, leur allié, persévérèrent dans leur généreuse résistance au despotisme de Frédéric-Barberousse ; l’empereur de Byzance paya les frais de la reconstruction des murs de Milan, et versa, dit un historien, une rivière d’or dans la ville d’Ancône, affermie dans son attachement aux Grecs par la jalouse haine des Vénitiens[2]. Le commerce d’Ancône et sa situation dans le cœur de l’Italie en

  1. Un auteur latin, Othon (De gestis Frederici I, l. II, c. 30, p. 734), atteste la supposition de cette pièce ; le Grec Cinnamus (l. I, c. 4, p. 78) fait valoir une promesse de restitution qu’avaient donnée Conrad et Frédéric. Une fraude est toujours croyable lorsqu’on l’attribue aux Grecs.
  2. Quod Anconitati græcum imperium nimis diligerent… Veneti speciali odio Anconam oderunt. Les beneficia et le flumen aureum de l’empereur étaient la cause de cet amour et peut-être de cette jalousie. Cinnamus (l. IV, c. 14, p. 98) confirme la narration latine.