Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 11.djvu/203

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paroles de l’historien Falcando, qui écrivait sur les lieux et au moment de l’événement, avec l’âme d’un patriote et la sagacité prophétique d’un homme d’état. [Lamentations de l’historien Falcando.]« Cette Constance, l’un des enfans de la Sicile, habituée, dès son berceau, aux plaisirs et à l’abondance, élevée dans les arts et les mœurs de cette île fortunée qu’elle a quittée depuis long-temps pour enrichir les Barbares de nos trésors, revient avec ses farouches alliés troubler le bonheur de la belle contrée qui l’a nourrie dans son sein. Je vois d’avance des essaims de Barbares irrités ; la frayeur agite nos cités florissantes dans une longue paix ; le carnage y moissonne les habitans : elles sont dépouillées et souillées par les rapines et la débauche de l’ennemi. Je vois le massacre ou la captivité de nos citoyens, nos vierges et nos matrones en proie aux soldats[1] ; alors (interrogeant un ami), dans cette extrémité, que doivent faire les Siciliens ? l’élection unanime d’un roi valeureux et expérimenté peut encore sauver la Sicile et la Calabre[2] ;

  1. Constantia, primis à cunabilis in deliciarum tuarum affluentiâ diutius educata, tuisque institutis, doctrinis et moribus informata, tandem opibus tuis Barbaros delatura discessit : et nune cum ingentibus copiis revertitur, ut pulcherrima nutricis ornamenta barbaricâ fæditate contaminet… Intueri mihi jam videor turbulentes Barbarorum acies… civitates opulentas et loca diuturnâ pace florentia, metû concutere, cæde vastare, rapinis atterere et fædare luxuriâ : hinc cives aut gladiis intercepti, aut servitute depressi, virgines constupratæ, matronæ, etc.
  2. Certe si regem non dubiæ virtutis elegerint, nec à