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circulaire : une peau de mouton est le vêtement d’hiver de ces Barbares ; celui d’été est formé d’une robe de drap ou de coton : la physionomie des hommes est grossière et farouche, celle des femmes est douce et agréable. Une vie errante entretient leur esprit et leurs habitudes militaires ; ils combattent à cheval, et des querelles très-multipliées, entre eux et avec leurs voisins, leur donnent des occasions fréquentes de déployer leur courage. Ils achètent le droit de pâturage au moyen d’un léger tribut au souverain du pays ; mais la juridiction domestique appartient aux chefs et aux vieillards. Il paraît que la première migration des Turcomans orientaux[1], les plus anciens de leur race, eut lieu au dixième siècle de l’ère chrétienne. Dans le temps de la décadence des califes et de la faiblesse de leurs lieutenans, la barrière du Jaxartes fut souvent violée : après la retraite ou la victoire qui suivait chaque incursion, quelqu’une de leurs tribus, embrassant la religion de Mahomet, obtenait le droit de camper librement dans les plaines spacieuses et sous le climat agréable de la Transoxiane et de Carizme. Les esclaves turcs qui aspiraient au trône favorisaient ces migrations qui recrutaient leurs

  1. On peut découvrir les premières migrations des Turcomans et l’origine incertaine des Seljoucides dans l’histoire laborieuse des Huns, par M. de Guignes (t. I, Tables chronolog., l. V ; t. III, l. VII, IX, X), dans la Biblioth. oriental. de d’Herbelot (p. 799-802, 897-901), dans Elmacin (Hist. Saracen., p. 331-333), et dans Abulpharage (Dynast., p. 221, 222).