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ou durant la guerre, de se tenir en activité, et toujours en campagne. Transportant continuellement son camp d’un lieu à un autre, il favorisa successivement toutes les provinces de sa présence, et on dit qu’il parcourut douze fois la vaste étendue de ses domaines, qui surpassaient en grandeur les états de Cyrus et ceux des califes. Le pèlerinage de la Mecque fut la plus religieuse et la plus éclatante de ces expéditions. Ses armes protégèrent la liberté et la sûreté des caravanes ; ses abondantes aumônes enrichirent les citoyens et les pèlerins, et il interrompit la tristesse du désert par des asiles où les voyageurs trouvaient le repos et la fraîcheur. La chasse était son plaisir et même sa passion, et son équipage se composait de quarante-sept mille cavaliers. Ces chasses étaient de véritables tueries ; mais après chacune, il donnait aux pauvres autant de pièces d’or qu’on avait tué de pièces de gibier, faible compensation payée aux dépens du peuple de ce qu’il en coûte pour l’amusement des rois ! Durant la paisible prospérité de son règne, les villes de l’Asie se remplirent de palais et d’hôpitaux, de mosquées et de colléges ; on ne sortait guère du divan sans récompense, et jamais sans obtenir justice. La langue et la littérature de la Perse se ranimèrent sous le règne de la maison de Seljouk[1], et si Malek se piqua d’égaler

  1. Voyez un excellent Discours à la fin de l’Histoire de Nadir-Shah, par sir William Jones, et les articles des poètes Amak, Anvari, Raschidi, etc., dans la Bibliothéque orientale.