Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 11.djvu/259

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califes, la situation politique de Jérusalem présenta de fréquentes variations[1]. Les musulmans s’emparèrent des trois quarts de la ville ; l’accroissement du nombre de leurs prosélytes et de leur population pouvait l’avoir exigé ; et l’on réserva un quartier particulier au patriarche, à son clergé et à son troupeau ; les chrétiens payèrent un tribut de deux pièces d’or par tête pour le prix de la protection qui leur était accordée, et le tombeau de Jésus-Christ, ainsi que l’église de la Résurrection, demeurèrent entre leurs mains. La portion de ces chrétiens, la plus nombreuse et la plus respectable, ne se composait pas d’habitans de Jérusalem ; la conquête des Arabes avait excité plutôt que supprimé les pèlerinages à la Terre-Sainte ; la douleur et l’indignation donnaient une nouvelle force à l’enthousiasme qui avait fait naître l’idée de ces dangereux voyages. Les pèlerins de l’Orient et de l’Occident arrivaient en foule au Saint-Sépulcre et dans les églises des environs, surtout à la fête de Pâques ; les Grecs et les Latins, les nestoriens et les jacobites, les cophtes et les abyssins, les arméniens et les géorgiens entretenaient les chapelles, le clergé et les pauvres de leurs communions

  1. Secundum dominorum dispositionem plerumque lucida plerumque nubila recepit intervalla, et ægrotantium more temporum præsentium gravabatur aut respirabat qualitate (l. I, c. 3, p. 630). Le latin de Guillaume de Tyr n’est point du tout méprisable ; mais lorsqu’il compte quatre cent quatre-vingt-dix ans de la perte à la reprise de Jérusalem, c’est trente années de trop.