Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 11.djvu/265

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demens ; ce prodige lumineux qu’on voyait à la fête de Pâques disparut, et on prit beaucoup de peine à bouleverser le caveau du rocher qui, à proprement parler, forme le Saint-Sépulcre. À la nouvelle de ce sacrilége, les nations de l’Europe furent saisies d’étonnement et de douleur ; mais, au lieu de s’armer pour la défense de la Terre Sainte, elles se contentèrent de brûler ou de bannir les Juifs qu’elles regardaient comme les conseils secrets de l’impie Hakem[1]. Cependant l’inconstance et le repentir de Hakem allégèrent en quelque sorte les malheurs de Jérusalem, et le tyran venait de signer la restitution des églises, lorsqu’il fut assassiné par les émissaires de sa sœur. Les califes, ses successeurs, reprirent les anciennes maximes de la religion et de la politique musulmane. La tolérance reparut de nouveau : par les pieux secours de l’empereur de Constantinople, le Saint-Sépulcre se releva du milieu de ses ruines, et après une courte privation, les pèlerins y retournèrent avec l’empressement qui en devait être la suite[2]. Le voyage de Palestine par mer exposait souvent à des dangers, et les occasions

  1. Voyez Glaber, l. III, c. 7, et les Annales de Baronius et de Pagi, A. D. 1009.
  2. Per idem tempus ex universo orbe tam innumerabilis multitudo cœpit confluere ad sepulchrum Salvatoris Hierosolimis, quantum nullus hominum prius sperare poterat. Ordo inferioris plebis… mediocres… reges et comites… præsules… mulieres multæ nobiles cum pauperioribus… pluribus enim erat mentis desiderium mori priusquam ad propria rever-