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avait attribué la conquête de Jérusalem et de la Terre-Sainte. Un motif d’affection ou de vanité détermina peut-être le choix d’Urbain, anciennement moine de Cluni, et né à Châtillon-sur-Marne, dans la province de Champagne ; il était le premier Français qui eût occupé le trône pontifical : il avait illustré sa famille et son pays, et il n’existe peut-être pas un plaisir plus doux que de reparaître, dans tout l’éclat d’une haute dignité, sur le théâtre où notre jeunesse se passa dans l’obscurité et dans les travaux.

Concile de Clermont. A. D. 1095. Novembre.

Ce peut être d’abord un sujet d’étonnement de voir le pontife romain élever au cœur de la France le tribunal d’où il lançait ses anathèmes contre le souverain de cette contrée ; mais la surprise cessera dès qu’on se sera fait une juste idée d’un roi de France du onzième siècle[1]. Philippe Ier était petit-fils de Hugues Capet, le fondateur de la famille régnante, qui, dans le déclin de la postérité de

    frontières de France et d’Espagne composa ce roman sous le nom du prélat ; et tel était alors l’opinion du mérite ecclésiastique, que Turpin se peint lui-même dans cet ouvrage comme un prélat qui aime le vin et les combats. Cependant le pape Caliste II (A. D. 1122) reconnut ce livre apocryphe pour authentique, et l’abbé Suger l’a cité respectueusement dans les grandes Chroniques de saint Denis. (Fabric., Bibloth. latin. medii ævi, édit. Mansi, t. IV, p. 161).

  1. Voyez l’État de la France, par le comte de Boulainvilliers, t. I, p. 180, 182, et le second volume des Observations sur l’Histoire de France, par l’abbé de Mably.