Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 11.djvu/280

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quatre cents prélats mitrés ; les saints et les docteurs les plus renommés du siècle vinrent éclairer les pères de l’Église, et les aider de leurs conseils ; une foule de seigneurs puissans et de vaillans chevaliers accourut de tous les royaumes voisins au concile[1], et en attendit impatiemment les décrets. Telle était l’ardeur du zèle et de la curiosité, que des milliers d’étrangers, ne trouvant plus à se loger dans la ville, campèrent dans la plaine au milieu du mois de novembre. Huit jours de séances produisirent quelques canons édifians ou utiles pour la réforme des mœurs. On prononça une censure sévère contre la licence des guerres entre particuliers : on confirma la trêve de Dieu[2], ou la suspension de toute hostilité durant quatre jours de la semaine. L’Église se déclara la protectrice des prêtres et des femmes, qu’elle prit sous sa sauvegarde, et cette protection s’étendit durant trois ans aux laboureurs et aux marchands, victimes impuissantes des vexations militaires ; mais une loi, quelque respectable que soit

  1. Confluxerunt ad concilium e multis regionibus, viri potentes et honorati, innumeri quamvis cingulo laicalis militiæ superbi (Baldric, témoin oculaire, p. 86-88 ; Robert Monach., p. 31, 32 ; Guill. de Tyr, I, 14-15, p. 639-641 ; Guibert, p. 478-480 ; Foulcher de Chartres, p. 382).
  2. La trêve de Dieu (Treva ou Treuga Dei) fut d’abord inventée en Aquitaine, A. D. 1032, blâmée par quelques évêques comme une occasion de parjure, et rejetée par les Normands comme contraire à leurs priviléges. (Voyez Ducange, Gloss. lat., t. VI, 682-685.)