Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 11.djvu/289

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

auxquels la raison ne peut ajouter foi. Les crimes plus ordinaires de fornication, d’adultère, de parjure et de sacrilége, de rapine et de meurtre, s’expiaient par une pénitence que l’on prolongeait relativement aux circonstances, depuis quarante jours jusqu’à sept ans. Durant ce cours de mortifications salutaires, un régime de prières et de jeûnes rétablissait la santé de l’âme et obtenait l’absolution du criminel. Le désordre de ses vêtemens annonçait ses remords et sa douleur ; il s’abstenait de toutes les affaires et de tous les plaisirs de la société : mais l’exécution rigoureuse de ces institutions aurait fait un désert du palais, du camp et de la ville ; les Barbares de l’Occident ne manquaient ni de confiance ni de docilité, mais la nature se révoltait souvent contre les principes, et le magistrat tâchait en vain d’appuyer la juridiction ecclésiastique. Il était, à la vérité, impossible d’accomplir littéralement les pénitences. Le crime d’adultère se multipliait par le renouvellement journalier des faiblesses, et celui d’homicide pouvait comprendre le massacre d’un peuple entier ; chaque action faisait un compte séparé ; et dans ces temps de vice et d’anarchie, le pécheur le moins coupable pouvait aisément contracter une dette de trois cents ans. On suppléait à son insolvabilité par une commutation ou indulgence ; vingt-six solidi[1] d’argent, environ quatre livres

  1. On peut prouver clairement que jusqu’au douzième siècle le solidus d’argent ou schelling valait douze deniers ou sous, et que vingt solidi valaient le poids d’un livre d’ar-