Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 11.djvu/338

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de travaux et de combats, on répandit beaucoup de sang, et les assiégeans, principalement le comte Raimond, firent quelques progrès ; mais les Turcs pouvaient prolonger leur résistance et assurer leur retraite tant qu’ils seraient les maîtres du lac Ascanius[1], qui s’étend à plusieurs milles à l’occident de Nicée. Alexis surmonta cet obstacle par sa prudence et son industrie ; on transporta sur des traîneaux un grand nombre de bateaux de la mer sur le lac ; on les remplit d’archers habiles qui s’opposèrent à la fuite de la sultane. Nicée fut investie de toutes parts, et un émissaire de l’empereur grec persuada aux habitans de se sauver à temps de la fureur des sauvages d’Europe en acceptant la protection de son maître. Au moment de la victoire, ou lorsqu’ils avaient du moins lieu de l’espérer, les croisés, avides de sang et de pillage, furent obligés de s’arrêter à la vue de l’étendard impérial flottant sur les murs de la citadelle, et Alexis conserva soigneusement cette conquête importante. La voix de l’honneur et de l’intérêt imposa silence aux murmures des chefs. Après un repos de neuf jours, ils dirigèrent leur marche vers la Phrygie, sous la conduite d’un général grec qu’ils soupçonnaient d’intelligence avec le sultan. La

    26, p. 452-524) ; le belfredus, d’où est venu notre beffroi, était la tour mouvante des anciens (Ducange, t. I, p. 608).

  1. Je ne puis m’empêcher d’observer la ressemblance entre le siége de Nicée, défendue par son lac, et les opérations de Fernand Cortez devant Mexico. (Voyez le docteur Robertson, Hist. de l’Amérique, t. I, p. 608.)