Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 11.djvu/360

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étonnement que de nombreuses armées de chrétiens avaient passé d’Europe en Asie, et se réjouirent des siéges et des batailles qui détruisaient la puissance des Turcs, les persécuteurs de leur secte et les adversaires de leur monarchie ; mais ces chrétiens étaient les ennemis jurés du prophète, et après la conquête de Nicée et d’Antioche, leur entreprise, dont les motifs commençaient à être connus, devait les conduire sur les bords du Jourdain et peut-être du Nil. La cour du grand Caire entra avec les Latins dans une correspondance de lettres et d’ambassades dont le ton s’élevait ou s’abaissait selon les divers événemens de la guerre. Leur orgueil réciproque prenait sa source dans l’ignorance et dans l’enthousiasme. Les ministres de l’Égypte déclarèrent tantôt impérieusement, tantôt insinuèrent d’un ton plus doux que leur monarque, le véritable et légitime commandeur des fidèles, avait délivré Jérusalem de la tyrannie des Turcs, et que les pèlerins pouvaient librement visiter le sépulcre de Jésus, où on leur ferait la réception la plus amicale, pourvu qu’ils y vinssent sans armes et en divisions successives. Un moment le calife Mostali les croyant perdus sans ressources, méprisa leurs armes et fit mettre en prison leurs députés ; mais la conquête et la victoire d’Antioche abaissèrent sa fierté. Il crut devoir chercher à se concilier ces formidables champions de la croix par des présens de chevaux, de

    nah). Jerusalem ante adventum vestrum recuperavimus, Turcos ejecimus, dirent les ambassadeurs des fatimites.