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des prétentions douteuses sur un trône peu solide. Les compagnons de Raimond blâmèrent son ambition et sa jalousie ; et l’armée, par un choix libre, juste et nécessaire, proclama Godefroi de Bouillon, le premier et le plus digne champion de la chrétienté. Le héros accepta un dépôt non moins accompagné de danger que de gloire ; mais dans une cité où le Sauveur du monde avait été couronné d’épines, le pieux Godefroi rejeta le titre et les marques de la royauté ; et le fondateur du royaume de Jérusalem se contenta du nom modeste de défenseur et baron du Saint-Sépulcre. Son règne qui, pour le malheur de ses sujets, ne dura qu’une seule année[1], fut troublé, dès la première quinzaine, par l’approche du visir ou sultan d’Égypte, qui, n’ayant pu arriver assez tôt pour prévenir la perte de Jérusalem, était impatient d’en tirer vengeance. [Bataille d’Ascalon. A. D. 1099. Août 12.]Sa défaite totale à la bataille d’Ascalon scella la puissance des Latins dans la Syrie, et signala la valeur des princes français qui, après cette action, prirent congé pour long-temps de la Palestine et des guerres saintes. Les croisés purent tirer quelque gloire de la prodigieuse inégalité du nombre. Je ne m’arrêterai pas à compter les milliers de soldats, tant de cavalerie que d’infanterie, dont se composait l’armée des fatimites ; mais, à l’exception de trois mille

  1. Voyez l’élection et la bataille d’Ascalon dans Guillaume de Tyr (l. IX, c. 1-12), et dans la conclusion des histoires latines de la première croisade.