Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 11.djvu/378

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ment de ceux dont elles exigent l’obéissance et dont elles sont destinées à faire le bonheur. Dès que Godefroi de Bouillon eut accepté le rang de premier magistrat, il sollicita en public et en particulier l’avis des pèlerins les mieux informés des lois et coutumes de l’Europe. Avec le secours de ces matériaux, le conseil et l’approbation du patriarche et des barons, du clergé et du peuple, Godefroi composa les Assises de Jérusalem[1], monument précieux de jurisprudence féodale. Le nouveau code, scellé du sceau du roi, du patriarche et du vicomte de Jérusalem, fut déposé dans le Saint-Sépulcre, perfectionné successivement, et consulté avec respect toutes les fois qu’il s’élevait une question douteuse dans les tribunaux de la Palestine. Avec la ville et le royaume on perdit tout[2] ; mais la tradition jalouse conserva les fragmens de la loi écrite[3], et

  1. Les Assises de Jérusalem en vieux français ont été imprimées avec les coutumes du Beauvoisis par Beaumanoir (Bourges et Paris, 1690, in-folio), et commentées par Gasp.-Th. de La Thaumassière. On en publia une traduction italienne à Venise, pour l’usage du royaume de Chypre.
  2. À la terre perdue, tout fut perdu ; telle est l’expression énergique des Assises (c. 281). Cependant Jérusalem capitula avec Saladin ; la reine et les principaux chrétiens eurent la liberté de se retirer, et ce code précieux et portatif ne pouvait exciter l’avarice des conquérans. J’ai souvent douté de l’existence de cet original déposé dans le Saint-Sépulcre, qui pourrait avoir été inventé pour sanctifier les coutumes traditionnelles des Français dans la Palestine.
  3. Un noble jurisconsulte, Raoul de Tabarie (A. D.