Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 11.djvu/384

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féodale ; et si celles de la Palestine datent de la première croisade, on peut les classer parmi les plus anciennes du monde latin. Un grand nombre de pèlerins avaient cherché sous les bannières de la croix un refuge contre le pouvoir de leurs seigneurs ; la politique engagea les princes français à tâcher de les retenir en leur assurant les droits et les priviléges de citoyens libres. L’assise de Jérusalem déclare formellement qu’après avoir institué pour les chevaliers et les barons une cour de pairs, dans laquelle Godefroi de Bouillon présidait lui-même, il avait établi un second tribunal où il était représenté par son vicomte, La juridiction de cette cour inférieure s’étendait sur toute la bourgeoisie du royaume. Elle était composée d’un nombre choisi des citoyens les plus honorables et les plus prudens, qui faisaient serment de juger conformément aux lois toutes les affaires relatives aux actions ou à la fortune de leurs égaux[1]. Les rois et leurs grands vassaux, à mesure qu’ils s’établirent dans de nouvelles conquêtes, y suivirent l’exemple de Jérusalem ; et avant la perte de la Terre-Sainte, on y comptait plus de trente de ces corporations. Les soins du gouvernement s’étendirent à une autre classe de sujets, aux chrétiens

  1. Le règne de Louis-le-Gros, qui est regardé comme l’auteur de cette institution en France, ne commença que neuf ans après le règne de Godefroi (A. D. 1108), Assises (c. 2-324). Voyez, relativement à son origine et à ses effets, les remarques judicieuses de Robertson (Hist. de Charles V, vol. I, p. 30-36, 251-265, édit. in-quarto).