Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 11.djvu/414

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

monie de leur introduction à travers une suite de passages obscurs et de portiques illuminés. La scène était animée par le gasouillement des oiseaux et le murmure des fontaines ; ils ne voyaient de tous côtés que des animaux rares et des meubles précieux. On leur fit voir une partie du trésor, et ils supposèrent le reste. Après avoir passé un grand nombre de portes gardées par des noirs et des eunuques, ils parvinrent au sanctuaire ou à la chambre où le souverain était caché par un rideau. Le visir, qui conduisait les ambassadeurs, quitta son cimeterre et se prosterna trois fois sur le plancher. Le rideau fut enfin tiré, et ils contemplèrent le commandeur des fidèles, qui donna ses ordres à son premier esclave ; mais cet esclave était son maître : les visirs ou sultans avaient usurpé l’administration suprême de l’Égypte : les contestations des candidats à cette place se décidaient par les armes, et l’on insérait le nom du plus digne ou du plus fort dans la patente royale du commandement. Les factions de Dargham et de Shawer s’expulsaient alternativement de la capitale et du royaume, et le vaincu implorait la dangereuse protection du sultan de Damas ou du roi de Jérusalem, les ennemis jurés de la secte et de la

    le trésor du calife une perle de la grosseur d’un œuf de pigeon, un rubis qui pesait dix-sept drachmes d’Égypte, une émeraude longue d’une palme et demie, et un grand nombre de cristaux et de porcelaines de la Chine (Renaudot, p. 536).