relâché, probablement dans l’espérance de désunir l’année des Latins. Il proposa le siége de Ptolémaïde, ou d’Acre, à trente milles au sud de Tyr, et la place fut aussitôt investie par trente mille hommes d’infanterie et deux mille chevaux, dont on sembla lui donner le commandement. [Siége d’Acre. A. D. 1189. Juillet. A. D. 1191. Juillet.]Je ne m’étendrai point sur l’histoire de ce siége mémorable qui dura près de deux ans, et consomma dans un cercle étroit les forces de l’Europe et de l’Asie. Jamais la flamme de l’enthousiasme ne se montra, dans son impétuosité, plus violente et plus destructive ; les fidèles, tel était le nom commun aux deux partis, en honorant leurs martyrs, ne pouvaient refuser un tribut de louanges au zèle égaré et au courage de leurs adversaires. Au premier bruit de la trompette sacrée, les musulmans de l’Égypte, de l’Arabie, de la Syrie et de toutes les provinces d’Orient se réunirent sous les drapeaux du serviteur de Mahomet[1]. Son camp, soit qu’il l’avançât ou le reculât, ne s’éloignait d’Acre que de quelques milles ; et il travaillait jour et nuit à la délivrance de ses frères et à la destruction des chrétiens. On livra, dans le voisinage du mont Carmel, neuf batailles, qui toutes en méritaient le nom ; et telles furent les vicissitudes de la fortune, que le sultan s’ouvrit une fois un chemin