Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 11.djvu/440

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de Philippe, le roi d’Angleterre conduisit les croisés à la conquête de la côte maritime, et ajouta les villes de Jaffa et de Césarée aux débris du royaume de Lusignan. Une marche de cent milles, depuis Acre jusqu’à Ascalon, ne fut durant onze jours qu’un grand et perpétuel combat. Abandonné de ses troupes, Saladin se trouva sur le champ de bataille accompagné seulement de dix-sept de ses gardes, et y demeura sans baisser ses étendards ou faire cesser le bruit de sa trompette. Il parvint à rallier ses soldats et à les ramener contre les ennemis ; ses prédicateurs ou ses hérauts sommèrent d’une voix forte les unitaires de tenir ferme contre les chrétiens idolâtres ; mais l’effort de ces idolâtres était irrésistible, et ce ne fut qu’en démolissant les murs et les bâtimens d’Ascalon que le sultan put les empêcher d’occuper cette importante forteresse située sur les confins de l’Égypte. Durant un hiver rigoureux, les armées restèrent dans l’inaction ; mais dès le commencement du printemps, les Francs, conduits par le roi d’Angleterre, s’avancèrent à une journée de Jérusalem ; et la vigilance de Richard intercepta un convoi ou caravane de sept mille chameaux, Saladin[1] s’était

    qu’ils étaient envoyés par le roi d’Angleterre (Bohadin, p. 225) ; et sa défense ne consiste que dans une supposition absurde et palpable (Hist. de l’Acad. des inscript., t. XVI, p. 155-163), une prétendue lettre du prince des Assassins, le sceik ou Vieux de la Montagne, qui justifiait Richard, en prenant sur lui le crime ou le mérite de ce meurtre.

  1. Voyez la détresse et la pieuse fermeté de Saladin