Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 11.djvu/455

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maître et partagea sa captivité, a tracé naïvement le tableau de ses vertus et de ses défauts. La connaissance qu’il avait des vues secrètes de son roi, peut nous donner lieu de soupçonner celui-ci de projets politiques tendant à affaiblir la puissance des grands vassaux, projets dont on accusa souvent les souverains qui encouragèrent les croisades. Louis IX fut un des princes du moyen âge qui travaillèrent avec le plus de succès à rétablir les prérogatives de la couronne ; mais ce fut dans son royaume, et non pas en Orient, qu’il fit ces acquisitions pour lui et pour sa postérité. Son vœu eut pour motif une maladie et l’enthousiasme ; et s’il fut l’auteur de cette pieuse folie, il en fut aussi la victime. La France épuisa ses troupes et ses trésors pour envahir l’Égypte. Louis couvrit la mer de Chypre de dix-huit cents voiles ; le calcul le plus modéré porte son armée à cinquante mille hommes, et si nous pouvons en croire son propre témoignage rapporté par la vanité orientale, il débarqua neuf mille cinq cents chevaux, et cent trente mille piétons qui firent leur pèlerinage sous sa protection[1].

    (Paris, édit. du Louvre, 1761), précieuse par la pureté et l’authenticité du texte dont le manuscrit a été découvert récemment. Le dernier éditeur prouve que l’histoire de saint Louis fut achevée A. D. 1309 ; mais sans donner d’éclaircissemens, et même sans marquer de surprise sur l’âge de l’auteur, qui devait avoir alors plus de quatre-vingt-dix ans (Préface, p. xj, Observ. de Ducange, p. 17).

  1. Joinville, p. 32 ; Extraits arabes, p. 549.