Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 11.djvu/457

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général perdit la vie. Les musulmans faisaient continuellement tomber sur les Français une pluie de feu grégeois ; les galères égyptiennes commandaient le Nil ; les Arabes occupaient la plaine et interceptaient les provisions ; chaque jour aggravait les maux de la famine et de l’épidémie, et au moment où la retraite parut nécessaire, elle se trouva impraticable. Les écrivains orientaux avouent que Louis aurait pu s’échapper, s’il eût voulu abandonner ses sujets. [Captivité de Saint-Louis en Égypte.]On le fit prisonnier avec la plus grande partie de sa noblesse ; tous ceux qui ne purent servir ou se racheter furent massacrés impitoyablement, et une file de têtes chrétiennes décora les murs du grand Caire[1] ; on chargea Louis de chaînes ; [A. D. 1250. Avr. 5. Mai 6.]mais le généreux vainqueur, petit-fils du frère de Saladin, envoya une robe d’honneur à son auguste captif ; quatre cent mille pièces d’or et la restitution de Damiette obtinrent la liberté du roi de France et de ses soldats[2]. Les descendans efféminés des compagnons de Saladin, amollis par le luxe et le climat, n’étaient point

  1. Savary, dans ses agréables Lettres sur l’Égypte, a donné une description de Damiette (t. I, Lettre XXIII, p. 274-290) et une relation de l’expédition de Saint-Louis (XXV, p. 306-350).
  2. On exigea pour la rançon de Saint-Louis un million de byzans, qui furent accordés ; mais le sultan les réduisit à huit cent mille, que Joinville évalue à quatre cent mille livres de France de son temps, et calculées par Matthieu Paris à cent mille marcs d’argent (Ducange, Dissert. 20 sur Joinville).