Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 11.djvu/48

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rompu par le hasard ou la malveillance, ne désigne plus que la servitude[1]. [Croates ou Esclavons de la Dalmitie. A. D. 900, etc.]Parmi ces colonies, les Chrobatiens[2] ou les Croates, faisant aujourd’hui partie d’une armée autrichienne, descendent d’un peuple puissant, vainqueur et souverain de la Dalmatie. Les villes maritimes, et entre autres la naissante république de Raguse, implorèrent le secours et les avis de la cour de Byzance. Basile eut assez de grandeur d’âme pour leur conseiller de ne réserver à l’empire romain qu’un léger témoignage de leur fidélité, et d’apaiser par un tribut annuel la fureur de ces invincibles Barbares. Onze zoupans, ou propriétaires de grands fiefs, se partageaient le royaume de Croatie ; et leurs forces réunies formaient une armée de soixante mille cavaliers et de cent

  1. Il paraît que ce changement d’une dénomination nationale en un nom appellatif, eut lieu au douzième siècle dans la France orientale, où les princes et les évêques avaient beaucoup d’Esclavons captifs, non de la race bohémienne, s’écrie Jordan, mais de celle des Sorabes. Ensuite le mot devint d’un usage général ; il passa dans les langues modernes, et même dans le style des derniers auteurs de Byzance (Voyez les Glossaires grecs et latins). La confusion du nom des σερβλοι, Serviens, et des Servi latins se propagea encore davantage, et était plus familière aux Grecs du Bas-Empire. (Constantin Porphyr., De administrando imperio, c. 32, p. 99).
  2. L’empereur Constantin Porphyrogenète, très-exact lorsqu’il parle des choses de son temps, mais très-fabuleux lorsqu’il parle de ce qui s’est passé avant lui, donne des détails sur les Esclavons de la Dalmatie (c. 29-36).